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Marie-Dominique PEYRAMALE
Marie-Dominique PEYRAMALE
 Dominique
Curé (PEYRAMALE)

  • Født den 9. januar 1811 - Momères, 65360, Hautes-Pyrénées, Midi-Pyrénées, FRANCE
  • Døpt den 9. januar 1811 - Momères, 65360, Hautes-Pyrénées, Midi-Pyrénées, FRANCE
  • Død den 8. september 1877 - Lourdes, 65100, Hautes-Pyrénées, Occitanie, FRANCE,alder 66 år
  • Begravet - Lourdes, 65100, Hautes-Pyrénées, Occitanie, FRANCE
  • Curé de Lourdes lors des apparitions de la Vierge à Bernadette SOUBIROUS
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 Foreldre

  • Dominique PEYRAMALE, født i 1761, død den 3. januar 1846 - Momères (65) alder 85 år,
    Docteur en médecine à Momères (65), à 7 km du sud de Tarbes, sur la route de Bagnères-de-Bigorre.

    Gift med
  • Françoise DEFFIE, født ca 1778, død den 17. mars 1862 alder rundt 84 år

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 Notater

Notater om personen

Curé de Lourdes (65) en 1858, époque des apparitions de la Vierge Marie à Bernadette. A Lourdes, plusieurs lieux portent son nom : place, rue, parking, etc... La statue qui se trouve à côté de l'église paroissiale est très ressemblante à la photo en haut de cette fiche. Son tombeau qui est très visité, se trouve dans la crypte de l'église. Le curé PEYRAMALE était un grand-oncle de Pierre PEYRAMALE ; ce dernier était le père de Henri PEYRAMALE, de Jeanne PEYRAMALE, de Pierre René PEYRAMALE, de Louise Amélie PEYRAMALE, et de Marcel PEYRAMALE ; et le grand-père de André PEYRAMALE, de Marguerite PEYRAMALE, et de Christiane PEYRAMALE

Mgr PEYRAMALE, curé de Lourdes (1811-1877)

Si l'on excepte le curé d'Ars et le curé de Notre‑Dame des Victoires (1), nul prêtre, chargé du ministère paroissial n'eut au siècle dernier une influence et une popularité comparables à celles de M. PEYRAMALE, le curé de Lourdes, « que Notre‑Dame s'est choisi pour confident, pour témoin et pour apôtre des merveilles de son apparition (2). »

(1) Voir Contemporains: J.‑B. Vianney, curé d'Ars, n°22; M. Dufriche des Genettes, curé de Notre‑Dame des Victoires, n°491.

(2) Lettre de Mgr Langénieux au curé de Lourdes, 29 août 1873.

I. LA PRÉPARATION

DIVERS TRAITS DE CHARITÉ

Marie‑Dominique PEYRAMALE naquit et fut baptisé à Momères (Hautes‑Pyrénées) le 9 janvier 1811. C'était le quatrième des enfants du Dr PEYRAMALE, qui mourut âgé de quatre‑vingt six ans, après n'avoir connu, pendant cette longue vie, que trois choses: son Dieu, son roi et sa médecine. Un des frères de Marie‑Dominique s'établit au Pérou et y remplit les fonctions de directeur des Monnaies. Il eut une fille, Delphine, qui épousa le frère de l'illustre Garcia Moreno (1), président de la République de l'Équateur, assassiné par les ennemis de la foi catholique.

La femme du bon docteur de Momères, chrétienne accomplie et maîtresse de maison parfaite, cultiva soigneusement les heureuses dispositions de ses enfants. Elle s'efforça de graver dans leurs jeunes coeurs les principes de religion, de charité et d'honnêteté qui devaient en faire des hommes d'honneur et des chrétiens convaincus.

Marie-Dominique répondit admirablement aux attentions et aux sollicitudes de sa mère. Dès son bas âge on remarquait en lui un mélange de brusquerie el de tendresse, d'innocente gaieté et de piété naïve, de sensibilité exquise et de fougue indomptable, qui devait former comme le fond de sa riche nature. Pendant que son corps prenait de l'accroissement, son intelligence très ouverte s'initiait aux connaissances humaines et son coeur se formait à la pratique des vertus chrétiennes. Quelques traits montrent combien l'enfant était touché des misères du pauvre et ingénieux à les secourir.

Au commencement d'un automne pluvieux, Mme PEYRAMALE, ayant rapporté de la ville une paire de sabots, les avait laissés dans un coin du vestibule, puis elle était sortie pour aller faire quelques visites. Son absence dura peu. Quand elle revint, quel ne fut pas son étonnement de voir près de sa demeure une vieille pauvresse dont les pieds habituellement nus étaient chaussés de magnifiques sabots tout neufs. Debout sur le seuil de la porte, le petit Dominique, les yeux brillants de joie et le visage épanoui, regardait, s'éloigner cette infortunée. Sa mère comprit. Essayant, mais en vain, de prendre un ton courroucé :

- Comment? dit-elle à son fils, tu t'es permis de donner mes sabots à cette femme !

- Maman, répond simplement l'enfant, elle en avait plus besoin que vous.

Une autre fois, en plein hiver, Dominique rencontre un petit paysan de son âge vêtu de quelques haillons de toile, et grelottant de froid.

- Halte-là ! lui dit-il. A chacun son tour. Changeons d'habit. J'aurai froid et tu auras chaud.

Il le força à revêtir son costume de drap et prit lui-même ses guenilles. Lorsqu'il revint au logis dans cet accoutrement, Mme PEYRAMALE poussa d'abord les hauts cris, mais quand elle sut l'aventure, elle ne se sentit pas le courage de faire une réprimande.

Tel était l'enfant, tel devait être l'homme. Plus tard, un des confrères du curé de Lourdes, voulant tracer le portrait du serviteur de Dieu, le fit en deux mots d'une concision et d'une exactitude admirable : « Il donne et pardonne, » dit-il. « Donner et pardonner » fut en effet, toute la vie de M. PEYRAMALE.

Non, content de secourir les malheureux, il résolut de se consacrer entièrement au service de ses frères en embrassant l'état ecclésiastique.

Doué d'une intelligence pénétrante et d'une mémoire très heureuse, le jeune PEYRAMALE eut du succès dans ses études. Il aimait la science non pour sa satisfaction personnelle, mais parce qu'il y voyait un moyen de rendre service au prochain. Il aurait voulu tout savoir pour tout enseigner, comme il eût désiré tout avoir pour tout donner.

(1) Garcia Moreno, voir Contemporains, n° 29.

II. LE VICAIRE DE VIC-EN-BIGORRE

ENCORE UN TOUR DE SA FAÇON

PRESBYTÈRE HANTE !

CORRECTION ADMINISTREE A UN MAUVAIS GARNEMENT ET A UN CAPITAINE

Ordonné prêtre en 1835, l'abbé PEYRAMALE fut désigné pour remplir les fonctions de vicaire dans la paroisse de Vic-en-Bigorre. De Momères, il se rendit à pied à son poste, portant sa valise d'une main, et, de l'autre, tenant son bâton de voyageur. Sa première parole en se présentant à M. Bayle, prêtre vénérable, chargé d'ans et de mérites, fut celle-ci: « Monsieur le curé, je viens, comme disciple, apprendre de vous à cultiver la vigne du Seigneur. » Le vieillard regarda ce jeune prêtre à la haute stature, au regard franc, au front noble, à la physionomie un peu rude mais néanmoins sympathique : « Soyez le bienvenu, Monsieur l'abbé. » répondit-il simplement.

Bientôt le bon M. Bayle s'aperçut que ce n'était pas un disciple, mais un apôtre que le ciel lui avait envoyé.

Au bout de peu de temps, le nouveau vicaire avait conquis tous les coeurs. En chaire, au confessionnal, dans ses cours de catéchisme, dans ses visites aux malades et aux pauvres, partout il manifestait un zèle dévorant pour la gloire de Dieu et le salut des âmes.

Le bon curé, dont la santé chancelait sous le poids des ans, put se reposer de ses longs travaux. L'activité du vicaire suppléait à tout. Les vieillards de Vic se rappellent encore avec émotion certains traits de sa charité.

Un jour, un petit marchand de la paroisse lui annonce, en termes émouvants, qu'il va être déshonoré et sa pauvre famille réduite à la mendicité, parce qu'il ne peut payer une dette de deux cents francs.

Le vicaire est touché de cette misère imméritée ; il se rappelle que, la veille même, il a reçu de son père deux billets de cent francs à l'occasion de sa fête « Je connais, s'écrie-t-il, quelqu'un qui a cette somme. »

Il monte aussitôt dans sa chambre, prend les deux cents francs dans son bureau et, après avoir causé un instant avec M. le curé, descend auprès du marchand: « Voilà votre affaire, lui dit-il, mais celui qui vous donne cet argent ne veut pas être nommé. » Le pauvre homme répond qu'il sait bien que M. le vicaire vient de demander cette somme à M. le curé, car il les a entendu causer ensemble et il part en assurant qu'on n'oblige pas un ingrat et que, dès qu'il le pourra, il rendra l'argent mis à sa disposition.

En effet, quatre ou cinq mois plus tard, le marchand, ayant réalisé quelques bénéfices, se présente de nouveau à la cure. En l'absence de M. PEYRAMALE, il s'adresse au doyen :

- Monsieur le curé, lui dit-il, vous m'avez sauvé !

- Et comment donc? demande l'abbé Bayle, fort étonné.

- Par les deux cents francs que vous m'avez donnés et que je vous rapporte.

- Quels deux cents francs? s'écria le prêtre de plus en plus surpris.

Et le pauvre homme est obligé de raconter comment M. le vicaire lui a remis un jour cette somme, en sortant de sa chambre.

- Mais ce n'est pas moi, s'écrie alors le vieux curé, c'est lui qui vous les a donnés ! C'est encore un tour de sa façon !

Quand son porte-monnaie était vide, M. PEYRAMALE recourait aux riches. C'est ainsi qu'en une circonstance il fit donner une généreuse aumône par un banquier avare. Traversant avec cet homme une des places de Vie, il est abordé par une femme en guenilles, qu'accompagnaient deux enfants très misérablement vêtus: « La charité, s'il vous plait, mes bons Messieurs! ».dit la mendiante.

L'abbé se fouille et ne trouve pas un centime dans sa bourse.

Voyant son embarras, le banquier lui tend son porte-monnaie en lui disant :

- Monsieur l'abbé, prenez des sous .....

- Des sous? s'écrie l'ecclésiastique d'un ton d'autorité, des sous? Ce sont des pièces qu'il faut !

Et il tire du porte-monnaie quatre écus de cinq francs qu'il remet à la mendiante pour habiller ses enfants. Le banquier regarde ébahi, mais il laisse faire ...

Voici un autre trait encore plus édifiant :

Par une après-midi d'été, l'abbé PEYRAMALE rentrait de Tarbes à Vic. Non loin de ce bourg, il voit un mendiant profondément endormi sous un arbre. C'était un vieux vigneron que I'âge et diverses maladies avaient contraint de renoncer au travail. En allant de porte en porte, il répétait tristement ces mots: « Il est plus dur de tendre la main que de travailler! » Le jeune vicaire contemple d'un oeil attendri la chaussure usée que le mendiant avait quittée pour dormir plus à son aise. Son parti est vite pris: il se déchausse lestement, sans bruit, et prenant les souliers du vieillard, met les siens à la place. Quand le pauvre s'éveille, quelle n'est pas sa stupeur de voir des souliers neufs à la place des chaussures déchirées! Il met l'un de ces souliers. Il allait parfaitement à son pied : « J'y entrais, disait-il, comme en paradis. » Mais quand il voulut prendre le second, il fui obligé de s'arrêter à moitié chemin; il avait rencontré un obstacle: « Qu'est-ce que cela? » se demande-t-il. Et, plongeant sa main dans la chaussure, il en retire une somme d'argent nouée dans un mouchoir: il était démarqué mais le bon vieux et la voix publique ne manquèrent pas d'attribuer au vicaire ce nouvel exploit.

Si bon pour les pauvres, l'abbé PEYRAMALE montrait un dévouement sans borne au personnel de la cure; témoins les services qu'il rendit au domestique de M. Bayle, le vieux François.

Quelque temps après l'arrivée du nouveau vicaire, ce bon vieillard donna des signes d'aliénation mentale. Il paraissait hors de lui-même, se frappant le front, faisant des signes de croix lorsqu'il entrait dans le bûcher ou dans l'écurie. Un beau matin, il vient trouver M. Bayle,

- Monsieur le curé, lui dit-il, votre maison est hantée !

- Comment, répond le doyen, mon presbytère est hanté !

- Oui, oui, il y vient des esprits! Écoutez : Chaque soir je ferme soigneusement la cure en dedans à double tour. Jamais, depuis quarante ans, je n'y ai manqué.

- Eh bien ?

- Eh bien, Monsieur le curé, voilà que depuis trois semaines, dans cette maison bien fermée, les esprits travaillent toute la nuit, scient mon bois, remplissent mes cruches d'eau et étrillent le cheval.

- Mais il faut guetter, dit M. Bayle.

- Guêtter! Je mourrais de voir un esprit : j'en ai trop peur.

Moins peureux que son serviteur, le doyen voulut en avoir le coeur net. Il veilla une nuit et surprit, à 4 heures du matin, le vicaire faisant le travail du vieux domestique.

Toutefois, il ne faudrait pas croire que le jeune vicaire si charitable ne fût que suavité et douceur. La vérité oblige de dire qu'il était très porté à la colère et qu'il ne parvint pas toujours à contenir les impétuosités de sa nature. Passionné pour le bien, il éprouvait non seulement de l'aversion, mais une sorte de haine, de fureur, à la vue du mal. Un jour, un garnement de dix-huit ans se vante devant les enfants de son catéchisme d'une faute grave qu'il avait commise : l'abbé ne peut maîtriser son indignation; d'un bond il fond sur le misérable et lui applique un soufflet. Le méchant polisson tombe raide comme s'il avait reçu un coup de massue. Dans sa brusquerie, l'abbé PEYRAMALE avait oublié qu'il était doué d'une force herculéenne. « Grand Dieu! s'écria-t-il épouvanté, en voyant tomber le jeune homme, je l'ai tué! »

Il n'en était rien, heureusement, et le drôle finit par reprendre connaissance. Le vicaire se voua spécialement à convertir ce mauvais sujet et il y parvint. Mais depuis cet incident, il veilla soigneusement sur son appétit irascible et résolut, coûte que coûte, de modérer son impétuosité naturelle. Quand, dans la suite, un motif quelconque soulevait son indignation, on vit plus d'une fois son visage s'empourprer, ses yeux lancer des éclairs, mais la raison finissait par l'emporter et on entendait le prêtre murmurer entre ses dents cette phrase : « Allons! allons! ne recourons pas au bras séculier! » Est-ce à dire que le bras séculier fut tout à fait paralysé à partir de ce jour? L'anecdote suivante, rapportée par Henri Lasserre, permettrait d'en douter.

A une procession de la Fête-Dieu, un capitaine de cuirassiers, en congé dans le pays et connu pour son animosité contre toute idée religieuse, affectait sur le trottoir de fumer arrogamment son cigare, et, au grand scandale de tous, de garder son chapeau sur la tête devant le Saint Sacrement. L'abbé PEYRAMALE sort des rangs, et, d'un geste impérieux, jette par terre cigare et chapeau. L'officier veut lever le bras, mais ses deux poignets se sentent pris aussitôt comme dans des tenailles d'acier.

- Assez, Monsieur, dit le prêtre, en le foudroyant du regard. Vous avez voulu abuser de vos galons militaires pour scandaliser ces femmes, ces enfants, ces chrétiens qui prient et qui adorent; j'use de ma force pour les défendre. Allez maintenant, et que Dieu vous pardonne! Si vous faites un mouvement, je vous ploie à genoux, publiquement, aux pieds du Dieu que vous avez insulté !

Puis il reprend sa place dans la procession, un instant troublée par cette scène rapide. Le mécréant confus se dérobe par une rue latérale, et, le soir même, repart pour rejoindre son régiment.

Au reste, l'autorité morale du jeune prêtre était fort considérable à Vic. Il eût été bien mal reçu celui qui se serait avisé de critiquer les actes ou les paroles d'un homme qui prêchait la vertu par ses exemples non moins que par ses paroles, qui se dépouillait de tout pour les pauvres, et était d'un tel désintéressement qu'il fallait user de subterfuges pour remplacer par une soutane neuve l'ancienne qui tombait en guenilles.

III. L'ABBÉ PEYRAMALE VICAIRE A TARBES

IL FAIT CESSER UN SCANDALE

CURÉ D'AUBAREDE

HISTOIRE D'UN CHEVAL

M. PEYRAMALE AUMONIER

En 1837, l'abbé PEYRAMALE était nommé premier vicaire de la paroisse de Saint-Jean à Tarbes. Grande fut la désolation des habitants de Vic-en-Bigorre et de l'abbé Bayle, qui ne survécut que de quelques mois à cette épreuve. A Saint-Jean, M. PEYRAMALE se fit remarquer par son empressement à visiter les malades et par son zèle à faire respecter la maison de Dieu. Il mit fin à un usage scandaleux qui, de temps immémorial, désolait cette paroisse. Chaque année, à l'occasion d'une fête foraine, un cortège bruyant, promenait dans l'église un étendard sur lequel se trouvaient des signes de superstition et d'immoralité; c'était probablement un reste des anciennes saturnales. Le jour où devait avoir lieu cette hideuse exhibition, le jeune vicaire se tint dans l'église pour s'y opposer. A peine les premiers rangs de la monstrueuse procession ont-ils pénétré dans le lieu saint, qu'il s'écrie :

- Sortez du temple, profanateurs! Abattez cet étendard d'idolâtrie et de scandale !

Sa voix se perd au milieu du tumulte de la foule et du bruit des instruments de musique. Il s'élance alors et arrache la bannière à celui qui la portait. Des cris menaçants lui font craindre qu'elle ne lui soit enlevée.

- Coupez-en les cordons et jetez tout cela aux pieds, dit-il au sacristain.

Celui-ci, tremblant comme une feuille, tira son couteau catalan, mais il n'osait lacérer la bannière. L'abbé, alors, veut faire lui-même cet office. Mais, dans sa précipitation, il saisit le couteau par la pointe qui pénètre dans ses chairs et lui perce de part en part la paume de la main. Le sang se met à couler abondamment. La foule pousse un cri d'épouvante. Mais, sans se troubler et dans le plus grand calme, le prêtre retire le couteau de la plaie, et, levant son bras ensanglanté, dit ces simples mots :

- Sortez, mes amis, ne profanez pas le temple de votre Dieu.

Devant cette main, transpercée comme celle du Crucifié, la foule, devenue tout à coup muette et honteuse, s'écoula au dehors, laissant derrière elle le prêtre qui tomba à genoux et remercia le ciel.

Depuis lors, il ne fut plus question à Saint-Jean de Tarbes de cette procession.

Depuis cinq ans l'abbé PEYRAMALE exerçait les fonctions de vicaire dans cette paroisse lorsqu'il fut désigné pour la cure d'Aubarède. Comme ce pays était assez pénible à desservir à cause de son étendue et des routes escarpées, le père du nouveau curé lui fit cadeau d'un cheval.

- Merci! mon père, dit l'abbé PEYRAMALE en le recevant; grâce à vous, je serai dans toutes mes courses entre le ciel et la terre. C'est la vraie position d'un curé. »

Là, comme à Saint-Jean, le zélé pasteur attaqua les usages abusifs. Il fit cesser le travail du dimanche et décida ses paroissiens à entendre les instructions de leur curé, ce qu'ils ne faisaient pas auparavant.

La générosité de son coeur se manifesta de bien des manières. Henri Lasserre a raconté le trait suivant :

Peu de temps après son arrivée à Aubarède, un malheureux père de famille poursuivi pour dette vint lui confier ses peines et lui demander un conseil.

L'abbé PEYRAMALE garda le silence et réfléchit un instant. La somme était forte, et il n'avait point d'argent.

- Voici mon conseil, dit-il enfin en allant ouvrir une porte, c'est de prendre cette bride que vous voyez là, attachée à un clou.

Étonné, le pauvre homme regardait le prêtre d'un air stupéfait, n'osant se fâcher, mais pensant en lui-même que cet ecclésiastique choisissait assez mal l'occasion de plaisanter.

- Ensuite, continue le prêtre, vous irez passer cette bride au cheval que vous apercevez là-bas paissant dans le clos. Puis, vous conduirez ce cheval à la foire de Tarbes, qui a lieu aujourd'hui; vous le vendrez, et le prix que vous toucherez vous tirera d'embarras.

- Mais, balbutia l'homme, ce cheval .....

- Ce cheval est le mien,et je vous le donne.

L'infortuné faillit en perdre le sens.

- Ah! Monsieur le curé, que pourrais-je jamais faire pour vous ?

- Vous pouvez faire beaucoup, mon ami.

- Eh! quoi donc ?

- Vous taire absolument et ne jamais dire un mot de cela. Si vous parlez, je vous réclame la somme, et je vous envoie un huissier.

Quand le Dr PEYRAMALE revint chez son fils, celui-ci trouva mille prétextes pour l'empêcher d'entrer à l'écurie. Mais enfin, à la visite suivante, le père demanda des nouvelles du cheval.

- Il marche admirablement, dit le curé! L'autre semaine, il est allé à Tarbes d'un trait, sans perdre haleine.

- Pourquoi n'est-il pas là ?

- Impossible de le garder à l'écurie.

- Mais je ne le vois pas davantage dans le pré !

Silence, embarras, vague recherche de quelque faux-fuyant. Le vieux docteur comprend le trouble du coupable.

- Oh! l'enfant prodigue! Je parie que tu as vendu et dépensé le cheval.

- Père, j'ai gardé la selle! il y a des circonstances atténuantes.

Bien que cette réponse ne dénotât point un repentir très profond, le criminel reçut sa grâce.

Le Dr PEYRAMALE, après l'avoir laissé à pied quelque temps, lui fit cadeau d'un second cheval qui prit la même route que le premier. Ainsi disparurent, en cinq ou six ans, trois ou quatre chevaux. Avec le dernier, la selle aussi avait quitté l'écurie.

Toute la famille déclara l'abbé incorrigible; et ce curé, qu'on avait voulu faire cavalier, fut unanimement condamné à demeurer fantassin à perpétuité.

- Qu'importe? répondait-il en riant : dans le sentier du ciel, on va encore plus vite à pied qu'à cheval.

Lorsque, en 1850, M. Dumax, successeur de M. Bayle, mourut, les habitants de Vic, à l'unanimité, demandèrent pour curé leur ancien vicaire. Mgr Laurence., alors évêque de Tarbes, ne jugea pas à propos de faire droit à cette demande. Au reste, Dieu avait ses vues et c'était à un poste autrement illustre qu'il destinait son serviteur.

Cependant l'évêque, désirant connaître et apprécier par lui-même un ecclésiastique dont tout le monde lui parlait, le nomma, en 1851, aumônier de l'hospice civil et militaire de Tarbes. - De même qu'il avait rempli à la satisfaction générale les fonctions de curé de campagne, de même l'abbé PEYRAMALE s'acquitta de ses nouveaux devoirs d'une façon exemplaire. Il avait tout ce qu'il fallait pour plaire au soldat : une haute stature, une force herculéenne, un courage à toute épreuve, et avec cela une physionomie où respirait la franchise; une bonté un peu brusque, une rondeur toute militaire. Son influence fut grande. chaque malade devint son pénitent. Et quand une de ses brebis, artilleur, dragon ou cuirassier, tardait trop à faire ses Pâques, il prenait ce qu'il appelait sa houlette pastorale, un énorme bâton recourbé qui lui servait de canne, et il allait à la recherche de l'oublieux ou de l'indifférent.

Le digne aumônier se croyait là dans sa vocation définitive. Il se trompait. Au mois de novembre 1854, par suite du décès de son titulaire, la cure d'une petite ville des Pyrénées, alors bien obscure et inconnue, devenait vacante. Cette ville se nommait LOURDES.

IV. LE CURE DE LOURDES

HISTOIRE D'UN CHAPON

DEVOUEMENT ET INFLUENCE DE M. PEYRAMALE

Admirables coïncidences ! Pendant que l'Église catholique, par l'organe du Souverain Pontife et des évêques, se préparait à proclamer, à Rome, le dogme de l'Immaculée-Conception, la Providence divine disposait toutes choses pour l'installation à Lourdes de celui qui devait être, selon l'expression du cardinal Langénieux, « le confident, le témoin et l'apôtre de Notre-Dame».

M. PEYRAMALE avait quarante-quatre ans, lorsque, le 9 janvier 1855, il fit son entrée officielle dans sa nouvelle paroisse. A Lourdes, comme ailleurs, il se donna tout entier à ceux dont il avait la charge. Sa charité pour les déshérités de la fortune fut bientôt proverbiale. Que de traits délicieux ne raconte-t-on pas à ce propos! Qu'on nous permette d'en emprunter quelques uns à l'auteur de Notre-Dame de Lourdes.

Un mardi gras, le bon curé rentrait vers l'heure de midi à son presbytère. Il traverse la cuisine pour voir si le déjeuner est prêt :

- A l'instant, dit la cuisinière: voilà sur le gril ce magnifique chapon qui vous attend, et qui est assez gros pour faire plusieurs repas. Mme D... vous a fait là un cadeau superbe!. ... Le temps de descendre à la fontaine, 'Monsieur le curé, et vous êtes servi. Déjà le vin et le potage sont sur la table.

Pendant qu'elle court chercher de l'eau, une femme misérablement vêtue, à l'aspect désolé, paraît sur le seuil.

- Mon pauvre mari et moi, nous allons bien mal, Monsieur le curé, dit-elle. Nos enfants sont sans Pain !

Tout en essayant de la réconforter par de chrétiennes espérances et d'encourageantes paroles, M. PEYRAMALE lui donne une pièce d'argent, puis un morceau de pain, puis une bouteille de vin .....

Elle s'en allait en remerciant.

- Attendez donc ! s'écrie le prêtre en la rappelant, je veux que vous fassiez vos jours gras.

Et, prenant le magnifique chapon, il le roule prestement dans du papier :

- Mettez-le dans votre tablier, dit-il. Et, maintenant, partez vite ! .....

- Pas de ce côté! ajouta-t-il vivement en la voyant se diriger vers la fontaine. Vous y rencontreriez l'ennemi.

Cependant cette excellente créature que M. PEYRAMALE appelait « l'ennemi » rentra un instant après, sans défiance, et posa sa cruche au pied du potager.

- Allons! vite! servez le déjeuner, dit le curé d'un ton rude, en passant dans la petite salle à manger.

Il y était à peine, qu'il entend des cris effarés :

- Le chapon! Où est le chapon? On a volé le chapon! Le chat a emporté le chapon !

Le curé riait en lui-même. Il se lève et accourt à ces clameurs désespérées. La cuisinière éperdue allait, venait, courait, regardait sous les meubles. Tout à coup, elle aperçoit le chat, qui arrivait d'un air satisfait, à pas lents et la queue en l'air..."

- Vilain animal! Coquin de voleur! s'écria-t-elle, tu le payeras.

Et saisissant le balai, elle s'apprêtait à l'assommer. Le spectacle de cette innocence en péril arracha l'aveu du coupable :

- Arrêtez ! dit-il : c'est moi qui ai pris le chapon... Apportez-moi du fromage.

Jamais le curé de Lourdes ne déjeuna de meilleur appétit. Il paraît même qu'il lui arriva maintes fois de jouer de semblables tours à sa vieille servante. Non content de nourrir les indigents, il vida souvent sa garde-robe pour les habiller. Une fois même qu'il portait, pendant la nuit, un matelas à un pauvre malade, il fut arrêté par deux habitants de Lourdes, qui croyaient avoir affaire à un voleur.

Tout le patrimoine qu'il avait reçu de son père disparut peu à peu en aumônes. Quand sa bonne lui faisait des observations. il avait des réparties charmantes. Un jour qu'elle lui reprochait d'avoir donné à un mendiant un gilet de flanelle acheté la veille, lorsqu'il aurait pu lui faire cadeau d'un autre, déjà usé, il répondit simplement :

- Cet homme était assez riche en guenilles. Il était inutile de lui en ajouter une de plus.

On conçoit le respect et l'affection que valaient à M. PEYRAMALE ses actes innombrables de charité. Le peuple, qui aime le désintéressement dans le prêtre, ne pouvait assez louer le curé de Lourdes. Celui-ci disposait non seulement de sa fortune et de son temps, mais aussi de ses forces physiques en faveur de ses paroissiens. Un jour qu'il revenait de visiter des malades, il rencontra sur la route un charretier qui, par suite d'un accident, avait été pris entre la roue de sa voiture et le talus du chemin. Ce malheureux poussait des cris affreux et allait inévitablement succomber, serré comme il était dans une sorte d'étau meurtrier. M. PEYRAMALE voit le danger :

- Faites votre acte de contrition, dit-il à cet homme, je vous absous de tous vos péchés !

Mais, tout en récitant la formule sacramentelle, le vaillant prêtre se glisse sous la charrette, et, au risque de se rompre l'épine dorsale, faisant appel à sa force athlétique, il soulève pour un instant ce poids énorme et délivre l'infortuné.

Celui-ci était un des rares habitants de Lourdes que l'influence de M. PEYRAMALE n'avait encore pu atteindre. Systématiquement hostile à la religion, il ne croyait ni à la foi, ni à la vertu, ni au désintéressement du prêtre. L'accident dont il venait d'être la victime, et qui avait failli lui coûter si cher le convertit complètement. Dès le lendemain, il allait trouver son sauveur, se confessait, et, à partir de ce moment jusqu'à sa mort, il vécut en parfait chrétien.

Cependant, l'effroyable effort fait en la circonstance par M. PEYRAMALE faillit lui être fatal. Il eut les reins malades pendant six mois. Mais ses souffrances ne l'empêchèrent nullement de vaquer aux occupations incessantes de son ministère. Il s'inquiétait trop peu de sa personne pour qu'une indisposition passagère pût l'arrêter. Il ne s'inquiétait guère plus de son logement. Chose étonnante! La paroisse de Lourdes ne possédait pas de presbytère, et le curé, comme un voyageur qui passe, était dans un habitacle de location. L'abbé PEYRAMALE ne s'en formalisa pas. On l'eût logé sous une tente qu'il se serait déclaré content. Cette situation dura autant que sa vie. Pour la maison de Dieu, le bon curé ne professait pas la même indifférence. Sa vieille église, bien insuffisante pour la population, tombait en ruines; il résolut de la remplacer par un temple plus digne de la Majesté divine et plus en rapport avec le nombre de ses paroissiens. Déjà ce projet mûrissait dans son esprit lorsque s'accomplirent des événements qui en retardèrent l'exécution: événements considérables et qui fixèrent sur Lourdes l'attention du monde entier.

V. LES APPARITIONS DE LA SAINTE VIERGE A BERNADETTE

PRUDENCE DE M. PEYRAMALE : IL S'OPPOSE A L'INTERNEMENT DE LA VOYANTE,

Le jeudi, 11 février 1858, une Dame d'une merveilleuse beauté apparaissait dans une excavation des « Roches Massabielle », à une jeune fille de quatorze ans, Bernadette Soubirous. Le dimanche suivant et le 18 février, l'apparition se manifesta de nouveau. Elle demanda à l'enfant de venir pendant quinze jours en ce même lieu On connaît le détail de ces scènes émouvantes. Nous n'en referons pas le récit; renvoyant à la biographie de Bernadette (1) et au livre d'Henri Lasserre (2) les lecteurs qui voudraient les relire, nous nous contenterons de rappeler ce qui a rapport au curé de Lourdes.

Le 23 février, la vision, après avoir confié un secret à Bernadette, ajouta :

- Maintenant, ma fille, allez dire aux prêtres que je veux que l'on m'élève ici une chapelle.

Se levant aussitôt, l'humble jeune fille suivie de l'immense multitude qui avait assisté à son extase, se rendit auprès de M. PEYRAMALE. Celui-ci n'avait jamais parlé à la voyante. Mais il la connaissait de vue, quelques personnes la lui ayant montrée, un jour qu'elle passait dans la rue. Dès qu'il la vit entrer dans la maison qui lui servait de presbytère, il lui demanda :

- N'est-ce pas toi qui es Bernadette, la fille de Soubirous, le meunier ?

- Oui, Monsieur le curé, répondit la messagère de la Sainte Vierge.

-Eh bien, Bernadette, que me veux-tu?... Que viens-tu faire ici? reprit-il non sans rudesse et en arrêtant sur la petite fille un regard inquisiteur et méfiant, capable de déconcerter une âme peu sûre d'elle-même.

- Monsieur le curé, je viens de la part de la « Dame » qui m'apparaît à la Grotte de Massabielle.

- Ah oui! fit le prêtre, tu prétends avoir des visions. Qu'est-ce que cela? Qu'est-ce donc que ces apparitions surprenantes que tu affirmes et que rien ne prouve ?

La voyante lui fit modestement le récit de ce qui s'était passé. Intérieurement, le digne curé se sentait profondément remué, et par l'assurance de l'enfant, et par le ton de conviction qu'il y avait dans ses paroles. Mais, surmontant son émotion, il eut la difficile énergie de garder sa physionomie sévère.

- Et tu ne sais pas le nom de cette Dame ?

- Non, elle ne m'a point dit qui elle était.

- Ceux qui le croient, reprit le prêtre, pensent que c'est la Sainte Vierge Marie. Toutefois, ajouta-t-il d'une voix grave et vaguement menaçante, si c'est faussement que tu affirmes la voir dans la Grotte, tu prends le chemin de ne la jamais voir dans le ciel. Ici, tu te prétends seule à la voir. Là-haut si tu mens en ce monde, les autres la verront, et toi tu seras, pour ta tromperie, à jamais loin d'elle, à jamais dans l'enfer.

- Je ne sais point si c'est la Sainte Vierge, Monsieur le curé, répondit Bernadette; mais je vois la vision, comme je vous vois; elle me parle, comme vous me parlez. Et je viens en son nom vous dire qu'elle veut qu'on lui élève une chapelle aux Roches de Massabielle où elle apparaît.

M. PEYRAMALE demeura pensif, il réfléchissait à cet ordre que lui intimait l'Apparition et se demandait si l'enfant n'était pas victime d'une hallucination.

Après un instant de réflexion, il dit :

- Si la «Dame» dont tu me parles est vraiment la Reine du Ciel, je serai heureux, dans la mesure de mes forces, de contribuer à lui faire élever une chapelle. Mais rien ne m'oblige à te croire; j'ignore qui est cette «Dame», et, avant de m'occuper de ce qu'elle désire, il faut que je sache si elle y a droit. Qu'elle donne une preuve de sa puissance en faisant fleurir l'églantier qui encadre la niche où elle t'apparaît.

Et il congédia l'enfant.

Telle fut la première entrevue de Bernadette et de celui qui allait être, après elle et avec elle, le fidèle instrument de la plus grande merveille du XIXe siècle. - M. PEYRAMALE approchait alors de la cinquantaine et était depuis quatre ans seulement curé de Lourdes. Ce peu de temps lui avait suffi, nous l'avons dit, pour conquérir le cœur de son peuple.

Ce n'est pas qu'il l'eût flatté. Loin de là. Rien de ce qui était mal, aucun abus, aucun désordre moral, d'où qu'il vint, ne le trouvait indifférent ou faible. Souvent la société de l'endroit, flagellée dans l'un de ses vices ou de ses travers par l'ardente parole du prêtre, avait jeté les hauts cris. Il ne s'en était point ému, et avait fini presque toujours par être, Dieu aidant, vainqueur dans la lutte. Tous ceux qui pratiquaient sincèrement la religion lui étaient profondément attachés. Quant aux libres penseurs, ils rendaient hommage à ses vertus :

- Ce prêtre, disaient-ils, n'est pas toujours commode, mais il est charitable et ne tient pas à l'argent. C'est cent fois le meilleur de la ville, malgré sa soutane.

Plein d'abandon et de bonhomie dans les relations ordinaires, ne supposant jamais le mal, et se laissant même quelquefois tromper par de fausses misères qui exploitaient sa charité, le curé de Lourdes était, comme prêtre, prudent jusqu'à la défiance dans tout ce qui touchait à l'intérêt de la religion et aux fonctions de son ministère. A une âme d'apôtre, il unissait un bon sens extraordinaire et une fermeté de caractère qu'aucune puissance au monde ne pouvait faire fléchir, quand il s'agissait de la vérité ou du salut de ses paroissiens. Les circonstances allaient montrer en lui ces qualités de premier ordre.

Tandis que toute la ville était sous le coup d'une émotion intense, en quelque sorte bouleversée par les événements qui s'accomplissaient à la Grotte; tandis que des foules innombrables se précipitaient vers les roches Massabielle, quand la voyante s'y dirigeait, M. PEYRAMALE gardait tout son calme. Jamais, pendant les apparitions, il ne se rendit au lieu où elles se produisaient; il défendit même expressément à ses vicaires d'y aller, tellement il craignait de compromettre l'autorité morale du clergé dans une affaire dont le caractère n'était point encore déterminé.

- Nous n'aurions à sortir de notre réserve, disait-il aux prêtres qui l'entouraient, que s'il venait à surgir de là quelque hérésie évidente, quelque superstition. Alors, notre devoir serait nettement tracé par la situation même et il nous faudrait accourir au premier symptôme inquiétant, pour préserver notre troupeau. Si ces faits sont de Dieu, ils n'ont pas besoin de nous, et le Tout-Puissant saura bien, sans notre pauvre secours, surmonter tous les obstacles et tourner les choses au gré de sa volonté. Si cette oeuvre n'est pas de Dieu, il marquera lui-même le moment où nous devrons intervenir pour la combattre en son nom.

Ces motifs de haute sagesse avaient, dès le début des apparitions, tracé sa ligne de conduite au curé de Lourdes. Ils reçurent l'approbation de l'évêque de Tarbes, qui recommanda la même attitude à tous ses prêtres. Lorsque ceux-ci étaient interrogés par les fidèles sur les événements des Roches Massabielle, ils répondaient :

- Nous n'y allons point, et nous ne pouvons par conséquent nous prononcer sur cette question. Il est loisible à tout chrétien de s'y rendre, si cela lui convient, et d'examiner les faits jusqu'ici en dehors de toute décision de l'autorité religieuse. Allez-y ou n'y allez pas; nous n'avons ni à vous y autoriser, ni à vous l'interdire.

Le message de Bernadette ne fit pas sortir M. PEYRAMALE de sa réserve. En attendant que l'Apparition se fit connaître, il continua à recueillir avec soin tous les renseignements de nature à projeter quelque lumière sur les faits extraordinaires qui s'accomplissaient. Sans aller lui-même à la Grotte, il avait prié des personnes intelligentes et sérieuses de s'y rendre et d'observer tout ce qui s'y passait. Ainsi M. Estrade, receveur d'enregistrement, le Dr Dozous et plusieurs autres témoins tinrent le digne prêtre au courant des événements.

L'Apparition, on le sait, ne fit pas un accueil favorable à la demande du curé de Lourdes, ou plutôt, elle y répondit indirectement en puissante Reine et en Mère pleine de tendresse. Au lieu de faire fleurir inutilement un rosier en plein hiver, le 25 février, elle fit jaillir de profondeurs inconnues une source miraculeuse qui allait guérir des milliers de malades. M. PEYRAMALE avait demandé un prodige quelconque, un signe gracieux mais puéril, la Sainte Vierge répondit par le sceau qui marque vraiment les oeuvres divines : le miracle, le miracle utile aux hommes, le miracle en quelque sorte journalier et perpétuel.

A peine, en effet, les eaux de cette mystérieuse fontaine commencèrent-elles à fluer sur le sol qu'on se demanda si, comme autrefois la piscine de Siloé, elles ne possédaient pas une vertu divine. Un pauvre carrier, Louis Bourriette, atteint d'une amaurose incurable, au témoignage des médecins, recouvrait subitement, par leur contact, l'usage de la vue. D'autres malades obtenaient leur guérison par le même moyen.

Comment, à ces signes, ne pas reconnaître Celle qui, selon l'expression des esprits forts de Lourdes, « avait été sommée par M. PEYRAMALE de présenter son passeport » ?

Il ne s'y trompa pas, et lorsque, le 2 mars, Bernadette vint lui dire: « L'Apparition veut qu'on construise une chapelle et qu'on fasse des processions à la Grotte », il lui répondit cette fois :

- Je te crois, mon enfant. Mais ce dont tu me parles ne dépend pas de moi. Cela dépend de Mgr, l'évêque, que j'ai instruit de ce qui se passe. Aujourd'hui même, je vais le voir; c'est à lui seul qu'il appartient d'agir.

Le prêtre raconta à Mgr Laurence les extases et les visions de Bernadette, les paroles de l'Apparition, le jaillissement de la source, les guérisons miraculeuses et l'émotion qui s'emparait de tous les esprits. L'évêque de Tarbes estima que le temps n'était pas encore venu, pour l'autorité ecclésiastique, de porter un jugement. Il fallait auparavant instruire cette affaire d'une façon aussi complète que possible. Il maintint la défense qu'il avait faite au clergé de se rendre à la Grotte et enjoignit au curé de Lourdes de continuer à recueillir les renseignements qui pouvaient aider à déterminer le caractère des événements.

Si l'autorité religieuse se tenait dans une prudente expectative et hésitait à se prononcer en la circonstance, il n'en était pas de même des administrations judiciaires et civiles. Cette manifestation du surnaturel en plein XIXe siècle parut suspecte à certains puissants du jour. Ils résolurent de le contrôler et au besoin de l'empêcher.

Le commissaire de police, Jacomet, fit subir un interrogatoire très long à Bernadette; il déploya une finesse et une habileté surprenantes pour mettre l'enfant en contradiction avec elle-même. N'ayant pu réussir de ce côté, il essaya d'effrayer les parents de la jeune fille en les menaçant des rigueurs de la justice.

Cette stratégie échoua. On résolut alors d'employer d'autres moyens. On sollicita du maire de Lourdes un arrêté interdisant l'accès des Roches Massabielle; M. Lacadé s'y refusa. Le préfet des Hautes-Pyrénées se fit alors remettre par deux médecins un rapport attestant que Bernadette, sans être précisément folle, pouvait bien être hallucinée. Muni de cette pièce, M. Robert de Massy ordonna d'arrêter la petite bergère et de l'enfermer d'abord dans un hospice afin de l'observer. Mais il avait compté sans la courageuse intervention de M. PEYRAMALE.

Lorsque celui-ci apprit qu'on allait accomplir cet acte violent, son indignation éclata :

- Cette petite fille est innocente, dit-il au procureur impérial. La preuve, c'est que vous n'avez pu, malgré vos interrogatoires de toutes sortes, trouver un prétexte à la moindre poursuite Une telle mesure, ajouta le prêtre en s'animant, serait la plus odieuse des persécutions. Prêtre, curé doyen de la ville de Lourdes, je me dois à tous, et en particulier aux plus faibles. Si je voyais un homme armé attaquer un enfant, je défendrais l'enfant au péril de ma vie. Prévenez donc M. le préfet que ses gendarmes me trouveront sur le seuil de la porte de cette humble famille, et que, avant de toucher à un cheveu de la tête de Bernadette, ils auront à me renverser, à me fouler aux pieds.

- Cependant .....

- Il n'y a pas de cependant. Examinez, faites des enquêtes : vous êtes libres, et chacun vous y convie. Mais si, au lieu de cela, vous voulez persécuter, si vous tentez de frapper des innocents, je vous déclare que le dernier et le plus petit de mon troupeau m'aura pour défenseur, et que c'est par moi qu'il faudra commencer.

Le prêtre s'était levé. La plénitude de force qui éclatait en lui, son geste résolu, son visage enflammé, sa haute taille commentaient ses paroles. C'était l'athlète prêt à la lutte.

Le procureur et le maire, présents à l'entretien, parlèrent alors des ordres relatifs à la Grotte.

- Si, au nom des lois de la nation et au nom de sa piété particulière, répliqua le curé, M. le préfet juge à propos de dépouiller la Grotte des objets que d'innombrables fidèles y ont déposés en l'honneur de la Sainte Vierge, qu'il le fasse. Les croyants seront attristés et même indignés. Mais qu'il se rassure : ils savent respecter l'autorité, même quand elle s'égare. On dit qu'à Tarbes un escadron est en selle, attendant pour accourir à Lourdes le signal de la préfecture. Que l'escadron mette pied à terre. Quelque bouillantes que soient les têtes, quelque ulcérés que soient les coeurs, ma voix est écoutée et je réponds, seul et sans la force armée, de la tranquillité de mon peuple. Avec la force armée, je n'en répondrais plus.

L'énergique attitude de M. PEYRAMALE préserva Bernadette d'une arrestation arbitraire, mais elle n'empêcha pas de dépouiller la Grotte. L'accès en fut interdit au public jusqu'à ce que l'empereur Napoléon III, désavouant son ministre Rouland et son préfet Massy, ordonnât de la laisser libre. Dans l'intervalle, la quinzaine des apparitions s'était terminée et la voyante avait eu encore le bonheur de contempler deux fois les augustes traits de la « Dame ». Le 25 mars, celle-ci donna elle-même son nom. « Je suis, dit-elle, l'Immaculée Conception. »

La mission de Bernadette prenait fin et celle du curé de Lourdes allait commencer.

(1) Bernadette. Voir Contemporains, n°148. (2) H. Lasserre. Notre-Dame de Lourdes.

VI. LA MISSION DE M. PEYRAMALE

ORGANISATION DU PELERINAGE

L'OUVRIER MIS HORS DE L'OEUVRE

La Commission nommée par Mgr Laurence pour étudier les apparitions et les faits qui se rapportaient à Lourdes consacra près de quatre années à l'examen de l'affaire. Aucun point ne fut laissé dans l'ombre; on multiplia les enquêtes, et tous les témoignages furent soigneusement contrôlés. Lorsque, enfin, le doute ne fut plus possible, l'évêque de Tarbes, dans un mandement daté du 18 janvier 1862, proclama solennellement le caractère surnaturel et divin des apparitions. Il en traça l'historique et, en terminant, fit appel à la générosité du monde chrétien pour obtenir les fonds nécessaires à l'érection de la chapelle, demandée par la Vierge Marie.

Quatre mois auparavant, l'évêque avait acheté de la ville de Lourdes la Grotte et le terrain qui l'entoure. Restait à organiser matériellement le pèlerinage. Cette mission fut confiée à M. PEYRAMALE.

Le vaillant curé se mit à l'oeuvre. Par ses soins, les abords de la Grotte, sans rien perdre de leur cachet d'imposante grandeur, prirent une physionomie gracieuse, douce et vivante. Tandis que de nombreux ouvriers jetaient les fondations de la chapelle, d'autres couvraient d'un vert gazon, plantaient d'arbustes et parsemaient de fleurs le tertre inculte qui s'étendait de la Grotte à la basilique future. Les deux sanctuaires étaient reliés par un sentier, large comme un chemin, qui serpentait en lacets sinueux et traçait sur le sol un M immense, initiale du nom de la Vierge. Une belle route conduisait de la ville aux Roches Massabielle et une vaste esplanade allait permettre aux grandioses processions d'évoluer à l'aise. Les offrandes des pèlerins faisaient les frais de ces travaux dont le devis général approchait de deux millions.

Tout en appropriant le terrain pour ces grandes manifestations de la foi chrétienne qu'il pressentait, M. PEYRAMALE s'efforçait de conserver à ce lieu. son cachet primitif, d'altérer le moins possible l'incomparable paysage que Marie avait ennobli de son regard.

Ce qui préoccupait par-dessus tout l'excellent curé, c'était la construction de la chapelle. Nuit et jour il pensait à cette mission que lui avait confiée Marie : il voulait un édifice digne de la Reine du ciel. Un jour que l'architecte lui montrait le projet dune chapelle gracieuse, mais très petite, à construire au-dessus de la Grotte, l'abbé PEYRAMALE se fâcha; d'un geste brusque, il saisit le plan, le déchire et en jette les morceaux dans le Gave.

- Que faites-vous? s'écrie l'architecte stupéfait.

- Vous le voyez, répondit le prêtre : Je rougis de ce que votre mesquinerie ose offrir à la Mère de Dieu, et j'en détruis l'expression misérable. Ce qu'il nous faut, en mémoire des événements qui se sont accomplis ici, c'est un temple de marbre, aussi vaste que pourra le contenir le sommet des Roches Massabielle, aussi magnifique que le pourra concevoir votre imagination. Allez, Monsieur l'architecte, que votre génie ose tout, que rien ne l'arrête et qu'il enfante un chef-d'oeuvre. Et sachez bien que, fassiez-vous Michel-Ange, votre oeuvre sera encore étrangement indigne de la Vierge apparue ici.

- Mais, Monsieur le curé, observa quelqu'un, où trouver les millions nécessaires pour exécuter ce que vous souhaitez ?

- Celle qui de ce roc stérile a fait jaillir la source miraculeuse saura y pourvoir. Ne craignez rien.

L'édifice fut, donc construit dans les proportions indiquées par M. PEYRAMALE.

Le 4 août 1864, Mgr Laurence, entouré de quatre cents prêtres et d'une multitude innombrable de pèlerins, prit officiellement possession de la Grotte de Lourdes, en bénissant la statue. M. PEYRAMALE et Bernadette, retenus par la maladie, ne purent contempler les fêtes splendides célébrées à cette occasion. Il n'en fut pas de même pour l'inauguration de la crypte de la grande chapelle, qui eut lieu le lundi de la Pentecôte, 21 mai 1866, au milieu d'un concours de peuple inouï. Ce jour fut véritablement le dimanche des Rameaux du vénérable prêtre. Pas un regard, parmi ces multitudes, qui ne le cherchât, qui ne le vit et le contemplât. Des acclamations enthousiastes l'accueillaient sur son passage. Son nom et celui de Bernadette étaient sur toutes les lèvres.

Esprit profond et méditatif, non moins qu'actif et éclairé, le curé de Lourdes, à la vue des merveilles qui s'opéraient dans sa paroisse, pensait que Dieu avait voulu faire de ce coin béni un lieu de prédilection, une cité idéale, où l'on verrait s'établir toutes les institutions bienfaisantes de l'Église. En même temps qu'il songeait à appeler des Frères et des Soeurs pour porter les malades à la piscine et leur prêter un pieux secours, il souhaitait l'établissement de maisons de retraites pour les prêtres et les laïques, d'orphelinats, d'asiles, d'écoles, de maisons de travail et de relèvement, afin que, dans le périmètre lumineux de la Grotte sainte, on vit de toutes parts les indigents assistés, les ignorants instruits, les abandonnés recueillis, les coupables ramenés au droit chemin, afin que le monde entier contemplât la charité de Jésus-Christ, s'épanouissant de mille manières sous le regard de sa divine Mère. - Et pour réaliser toutes ces oeuvres, le curé de Lourdes comptait, non sur des spéculations commerciales, mais uniquement sur la protection de la Sainte Vierge.

Cependant les pèlerins arrivaient de plus en plus nombreux à la Grotte. Les miracles se multipliaient, les conversions s'opéraient et les confessionnaux regorgeaient de pénitents. Malgré sa prodigieuse activité, M. PEYRAMALE était impuissant à remplir une tâche de jour en jour grandissante. Il pria Mgr Laurence d'attacher à la paroisse, en attendant une organisation complète, quelques vicaires de plus pour le seconder.

L'évêque de Tarbes ne crut pas devoir agréer la demande du curé-doyen. Au lien d'envoyer des vicaires à M. PEYRAMALE, il établit une Société de Missionnaires diocésains qu'il chargea de l'administration du Pèlerinage. Un saint prêtre, le P. Sempé, en fut le premier supérieur.

L'humble et grand coeur du bon curé de Lourdes souffrit-il de ne plus être à la tête d'une oeuvre pour laquelle la Sainte Vierge s'était servie de lui comme d'un premier instrument? C'est probable; mais il ne s'en plaignit jamais.

Il eut toute sa vie à coeur le développement et l'avenir de cette oeuvre. Chaque jour, il demandait à Dieu d'envoyer à Notre Dame de Lourdes des historiens dignes d'elle. Ses prières furent exaucées. Ce fut d'abord Henri Lasserre; guéri miraculeusement, il écrivît, par reconnaissance, un ouvrage magistral, répandu en France à plus d'un million d'exemplaires, et traduit en soixante-sept langues ou dialectes. La publication de ce livre (1869) donna aux pèlerinages une impulsion nouvelle. Les dons se multiplièrent, et la chapelle, promptement achevée, reçut de Pie IX le titre de basilique mineure.

Pendant ce temps, M. PEYRAMALE consacrait à sa paroisse les courts instants que lui laissaient d'innombrables visites et une correspondance fatigante. Plusieurs fois on voulut le faire évêque : jamais il n'y consentit.

- Je ne suis pas même bon pour être un curé, disait-il - chaque jour je m'aperçois de ce qui me manque. Et l'on s'aviserait de faire de moi un évêque? Allons donc! J'entends rester au milieu de mes ouailles, puisque mes ouailles me supportent, malgré mon insuffisance. La mort seule me séparera de mon troupeau. Que dis-je? Pas même la mort! Je veux vivre et être enseveli au milieu de mes brebis !

La popularité du vénéré pasteur n'était pas limitée à sa paroisse. Au commencement de 1874, Pie IX lui décernait le titre de protonotaire apostolique ad instar participantium. Le Bref qui accompagnait cette faveur exaltait les vertus et les mérites du serviteur de Dieu. Celui-ci, loin de se réjouir de l'honneur qui lui était fait, éprouva une véritable confusion à revêtir la soutane violette. Il n'en fut pas de même de ses paroissiens : les habitants de Lourdes furent heureux et fiers de la distinction dont leur curé était l'objet : ils illuminèrent leurs maisons et se portèrent en foule au presbytère pour présenter leurs félicitations à leur pasteur, qui pleura d'attendrissement, à la vue de ces témoignages d'affection.

On aurait dit que Dieu ménageait cette joie à son prêtre afin de le préparer aux rudes épreuves qui allaient marquer les dernières années de sa vie.

VII. MGR PEYRAMALE ENTREPREND LA RECONSTRUCTI0N DE L'ÉGLISE PAROISSIALE DE LOURDES

DIFFICULTES QU'IL RENCONTRE

La basilique de la Grotte étant achevée, Mgr PEYRAMALE pensa que l'heure était venue d'entreprendre une oeuvre indispensable : la construction d'une nouvelle église paroissiale. En 1874, Mgr Langénieux, évêque de Tarbes, le pressa d'ouvrir une souscription, de faire dessiner un plan et établir un devis. Au mois de juin, le curé de Lourdes envoyait une lettre, revêtue de l'approbation épiscopale, aux principaux ecclésiastiques de France. Après avoir rappelé les prodigieux évènements dont sa paroisse avait été le théâtre, il ajoutait :

- L'église de la ville est devenue, par la nature et la force des choses, l'annexe, le complément de l'église de la Grotte, et, pour parler plus exactement, la première et la dernière station des Pèlerinages.

- C'est l'universelle pensée des pèlerins, prêtres et laïques, qui viennent visiter le sanctuaire de Marie.

- C'est la catholicité toute entière qui par ses pèlerinages, rend mon église trop étroite; c'est la catholicité tout entière, par l'obole de tous et de chacun, qui en élargira l'enceinte .....

Les plans et devis de M. Delebarre de Bay, l'architecte choisi par l'évêque de Tarbes, comportaient une église de cinquante huit mètres de long, dont la dépense était évaluée à huit cent mille francs. Mgr PEYRAMALE, à la suite de son premier appel, avait reçu environ cent mille francs de dons. Le Conseil municipal vota une subvention égale à cette somme, et le Conseil de Fabrique, par une délibération en date du 18 juillet 1875, donna plein pouvoir, au curé de Lourdes, non seulement pour accepter les dons en faveur de l'oeuvre, mais encore pour « passer tous actes d'acquisitions, tous traités avec entrepreneurs, fournisseurs, ouvriers, architectes, et à faire exécuter tout ou partie des travaux en régie ou par adjudication ».

Peu de temps après (28 juillet), le successeur de Mgr Langénieux, Mgr Jourdan, entouré du clergé du diocèse, du préfet des Hautes-Pyrénées et de la plupart des autorités civiles du département, procédait à la bénédiction solennelle de la première pierre du nouveau temple.

Encouragé par les lettres qu'il recevait de toutes parts, le vaillant prélat se mit au travail avec ardeur, espérant que tout marcherait sans difficulté. Mais bientôt il allait voir se réaliser tristement pour lui ces paroles de nos Livres Saints :

« Quiconque met sa foi dans les hommes risque de se percer la main sur un roseau qui se brise, dès qu'il veut s'y appuyer. »

L'oeuvre fut arrêtée en pleine prospérité par un déchaînement d'hostilités; ces sortes d'épreuves ont marqué la vie de plusieurs saints.

L'entrepreneur, après avoir exécuté pour 477000 francs de travaux, n'ayant encore reçu que 209000 francs, se trouva contraint, le 1er janvier 1877, de suspendre la construction, jusqu'au payement des avances importantes qu'il avait faites. »

De ce jour, le curé des Apparitions fut frappé en plein coeur. Bientôt, il pensa que Dieu lui demandait le sacrifice de sa vie en échange de la faveur après laquelle il soupirait. Visitant un jour les chantiers déserts :

- Je ne pénétrerai point dans la terre promise, dit-il tristement; je ne la verrai que de loin. Quand je ne serai plus ici, toutes les difficultés finiront, à la longue, par s'aplanir, toutes les hostilités par s'apaiser. Ma mort payera tout.

Parole mélancolique ! mais qui s'explique par la dure situation où le pauvre prêtre était alors réduit. Dans les premiers mois de 1877, il n'avait pu recueillir encore que 30000 francs, alors qu'il lui en aurait fallu plus de 200000 pour éteindre sa dette.

VIII. DERNIERS JOURS ET MORT DE MGR PEYRAMALE

Le 15 août, cédant à la pression de ses amis, Mgr PEYRAMALE présida aux cérémonies de la paroisse en costume de protonotaire apostolique et se rendit avec la procession à la Grotte où il but de l'eau miraculeuse. Le 21, il eut une grande joie; il reçut le Pèlerinage national dans la nef à ciel ouvert de la nouvelle église. Le R. P. d'Alzon, l'inspirateur de cette grande manifestation religieuse, lui remit un long rouleau d'or.

« Cette mince colonne que je tiens en mes mains est bien petite, Monseigneur, lui dit-il. Mais toute petite qu'elle est, vous l'aurez à peine touchée qu'elle se transformera en l'une de ces colonnes, énormes et magnifiques, du temple que vous érigez à Dieu. Hâtez-vous de la recevoir! et que ce pilier de marbre vous rappelle, comme tous les autres, les coeurs religieusement respectueux et dévoués qui vénèrent en vous le fidèle serviteur et l'instrument de Notre-Dame de Lourdes. »

Le bon curé exprima sa gratitude en termes émouvants et félicita le Pèlerinage des nombreuses guérisons qu'il avait obtenues. Il voulut accompagner les pèlerins jusqu'à la gare et assister à leur départ.

- Le Pèlerinage national, dit-on, donne dix ans de vie à Mgr PEYRAMALE.

- Dix ans! répondit gravement le préIat. Non : pas même dix mois !

Et comme on se récriait:

- Avant dix mois, poursuivit-il, je sens que je ne serai plus de ce monde, à moins que la Sainte Vierge ne veuille faire un miracle pour me faire continuer son église... Mais, ajouta-t-il avec enjouement, la Sainte Vierge n'a pas besoin de moi pour continuer son église : le miracle est donc inutile, et avant dix mois je ne serai plus ici.

Ces pressentiments étaient fondés.

Le curé put encore recevoir les pèlerinages d'Avignon, de Nantes, d'Aix, de Luçon et de Bourges; puis, le 6 septembre, une hémorragie interne se produisit. Le samedi, 8 septembre, de grand matin, le malade reçut les derniers sacrements en parfaite connaissance. Sur les 10 heures, il expirait.

La ville de Lourdes pleura son pasteur et lui fit des obsèques dignes de ses travaux et de ses mérites. L'archevêque de Reims, Mgr Langénieux, présida la cérémonie funèbre et prononça l'éloge du défunt. La municipalité décida que Mgr PEYRAMALE serait enseveli dans le caveau qui est au dessous de la crypte de la nouvelle église, que son nom serait donné à la rue où il avait vécu et qu'une statue lui serait érigée sur une des places de la cité.

Le mausolée qui recouvre actuellement les restes mortels du serviteur de Dieu a été élevé par les soins d'Henri Lasserre.

Ajoutons que, sur ce tombeau, l'église, objet de tant de désirs du pieux curé, s'élève magnifique avec le concours de tous.

J. M. J. BOUILLAT.

BIBLIOGRAPHIE :

- HENRI LASSERRE, Le Curé de Lourdes, Mgr PEYRAMALE, Notre-Dame de Lourdes, L'église inachevée de Mgr PEYRAMALE.

- R. P. CROS, Notre-Dame de Lourdes, récits et mystères.

- HEINRICH HANSJACOB, En France.

- Journal de Lourdes. Annales de Notre-Dame de Lourdes.

- Le Pèlerin.


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Begravelse

dans le caveau situé au-dessous de la crypte de la nouvelle basilique de -

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Dominique PEYRAMALE 1761-1846 Françoise DEFFIE ca 1778-1862
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Marie-Dominique PEYRAMALE, Curé 1811-1877